1945 - 2010 : 65 ans séparent ces 2 photos, ainsi que 2 générations.

 

Mai 1945, devant ce Glenn Martin B-26 " Marauder ", à Lyon Bron :

Pilote : Lt Henry Brémard,
Copilote : Adt Pecherand,
Nav.Bomb: Sc Louis Lacour,
Sc Duffau,
St Semadeni,
St Baud,
Sc Chovet,
Adt Jobart.

Les surprises des échanges de courriels intranet sur " ipn " !

En découvrant les vieux carnets de vol de mon père, mentionnant pages après pages le détail de toutes ses missions de guerre ( Promo Salon 1938 ), avec les noms de tous ses membres d'équipage ( bien plus complet que nos EP5 ), ainsi que les objectifs de chaque mission sur l'Italie puis l'Allemagne, j'avais émis l'hypothèse que si les chats font des chats, il était vraisemblable que parmi tous ces noms, il y ait des descendants parmi ceux nombreux de tous les PNT et PNC Air France, qui avaient pu hériter du virus aéronautique et que je côtoyais depuis des années sans le savoir dans notre Compagnie !

Grâce aux échanges sur " ipn ", j'ai interrogé des homonymes, pour savoir s'ils n'avaient pas jadis un parent dont le nom apparaissait sur ces carnets de vol.


C'est ainsi que j'ai retrouvé Jean-Louis Lacour, CDB A340 / A330, dont le père Louis Lacour était navigateur bombardier et avait à ce titre maintes fois fait équipage avec le mien. Nous avons ainsi fait connaissance et échangé nos archives familiales respectives de cette époque. Pour ce rendez vous au Musée de l'Air du Bourget, devant le Marauder restauré du Groupe Bretagne (en provenance de Vilgénis, l'autre ayant été cédé aux américains pour leur Musée Wright Paterson de L'USAF à Dayton). Il manque sur cette photo du bas commémorative Denis Graugnard, CCP chez nous, dont le père l'Aspirant Paul Graugnard (futur CDB AF et une carrière bien remplie relatée dans un ICARE récent) en faisait partie. Je citerai également l'Aspirant Félix Vicens (futur CDB B747 puis CDB Concorde AF ), ainsi que le Capitaine Jacques Mitterrand le frère de François. Tous des anciens du Groupe " Sénégal ".

Pour remémorer l'histoire de cette période, il y avait jadis 6 Groupes de Marauders français, en 1944 et 45, respectivement :

La 31ème escadre, pour les Groupes " Maroc ", " Bretagne " et " Gascogne ".
La 34ème escadre pour les Groupes " Franche Comté ", " Bourgogne " et " Sénégal ".

Le tout dépendant de la 11ème Brigade de Bombardement, Tactical Air Force, rattachée au 42ème Bomb Wing de l'USAF.

 

Pierre Brémard CDB 777 et Jean-Louis Lacour CDB A340 / A330

La QT et le VHL sur B-26 Marauder se faisait au "Bombing Training Center" américain qui se trouvait à "Télergma", près de "Châteaudun du Rhumel", à l'ouest de Constantine, en Algérie.

La qualification se faisait à l'issue de 20 vols d'entraînement sur 2 semaines :
Cours TU le matin et Vol l'après-midi.


10 vols en place gauche comme stagiaire pilote,
9 vols en Jump Seat comme observateur de son binôme (pour lui le Sergent-chef Rodier : Pas de traces de ce dernier chez nous).

Et le dernier vol de contrôle de Lâcher avec un Instructeur américain (Le TRE de jadis).

 

Les plus anciens se rappellent qu'à Vilgénis, il y avait juste après guerre dans le parc de l'école des futurs mécaniciens sol, 3 Marauders qui servirent de banc d'entraînement et d'essai pour les élèves mécanos, durant 14 années, car c'était le premier avion avec des circuits hydrauliques.

Lancé en octobre 1939, le B-26 effectue son 1er vol un an plus tard, le 29 novembre 1940.

Il porte ce surnom de "Marauder"en souvenir d'une tribu indienne particulièrement redoutable et insaisissable, réputée pour ses rapides coups de mains par surprise.

Il est construit et assemblé sur 2 sites : 3 681 à Baltimore dans le Maryland, additionné à un second site à Omaha dans le Nebraska sur lequel 1685 autres avions sont assemblés, soit 5 266 avions au total fabriqués dans ces 2 usines. Le dernier exemplaire est sorti le 30 mars 1945.

Il est équipé de 2 moteurs Pratt & Whitney R -2800-43 de 1920 CV, moteur le plus puissant en service à cette époque. Cela lui donnait une masse au décollage de 18 T. Il est mis en service dans l'USAF en février 1941, et fait ses débuts opérationnels sur le théâtre du Pacifique, après l'attaque de Pearl Harbour.

Les américains l'utilisent d'abord en Nouvelle Guinée contre le trafic maritime, les concentrations de troupes et les installations portuaires ennemies.

Au début de sa carrière, des accidents successifs lui donnent des surnoms peu élogieux :

"The naughtiest ship in the air", ou : "The Baltimore prostitute", ou encore : "The Widowmaker",

qui en disent long sur sa dangerosité, due en partie à son poids et à sa charge alaire élevée, entraînant des vitesses d'évolution plus rapides et inhabituelles, (des vitesses de jets d'aujourd'hui) par rapport aux autres avions de cette époque. Un nombre important est livré en Grande Bretagne à la RAF.

330 Marauders sont fournis à la France en prêt-bail, 254 neufs et 76 usagés1 (chiffres déclarés par le War Weary de L'USAF ). En 1944 ont lieu les livraison des B.26 séries B & C, puis séries F & G qui améliorent les performances grâce à l'incidence de l'aile portée de 3,°5 à 7°: l'avion décolle et atterrit mieux, à plus faible vitesse et possède une meilleure ligne de vol 2.

Pierre Brémard, CDB B777.

1Les Marauder français, de Patrick Ehrhardt, Les éditions du Polygone.
2Warbird Tech series, volume 29 sur le Martin B-26 Marauder, par Frederick A. Johnsen.

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