La fin tragique de la Caravelle SE-210, n° 12, immatriculée F-BHRF,

baptisée 'Auvergne'

 

       Son premier vol est effectué le 8 octobre 1959 sous l'immatriculation   F-WHRF. Enregistré le 13 octobre 1959 sous l'immatriculation F-BHRF, l'appareil est livré à la Compagnie Air France le 17 octobre 1959, il est  baptisé 'Auvergne'.

      Il est transformé en Caravelle III en 1961.

      L'appareil est  retiré du service le 28 mars 1981.

F-BHRF Roanne

     C'est pour sauver cet appareil, en fin de potentiel, qui devait en principe finir tranquillement ses jours en statique à Roanne, que le 6 juin 1981, la Caravelle III SE-210, immatriculée F-BHRF, atterrit (avec le secours toutefois de son parachute de queue) sur l'aéroport de Roanne-Renaison avec aux commandes, Alain de Valence, pilote roannais à Air France.


     Proposé à la vente pour 1 Euro, à condition de le préserver, mais faute d'acheteur, l'appareil est ferraillé en 2006.



Roanne
Roanne
Roanne


Nous devons cet historique et les photos  à Monsieur Lacharme, que nous remercions bien vivement.

 
 Comment fut sauvée la Caravelle de Roanne «Auvergne»

       «Confirmons achat SE-210 ce jour – Stop – Rendez-vous dans la semaine – Stop – Convoyage prévu fin mai – Stop- Thanks».

      C'est le télégramme que j'envoyais aux environs du 20 mai à la direction du matériel à Orly, mais il restait beaucoup à faire pour que l'avion touche des roues à Roanne.

      Quelques mois auparavant, en parlant du retrait des Caravelles à Air-France, les responsables de l'Aéroclub dirent : «pourquoi pas !» et l'affaire était lancée. Je joignais alors, le service vente d'avions à  Air France, contact cordial, mais pas d'avions pour l'instant. La Compagnie Nationale cherchait des acquéreurs pour ces avions qui avaient encore du potentiel ; néanmoins, le responsable du service me nota sur une liste d'attente et put me donner un prix d'achat entre 80.000 et 160.000 francs.

      Trois mois plus tard, «Allo, bonjour, Air France à l'appareil, votre Caravelle est prête, pouvez-vous la récupérer d'ici à quinze jours, merci !».

      Etant pilote à la Compagnie, je proposais d'assurer moi-même le convoyage et put obtenir ainsi une réduction sensible des frais. Le compte à rebours commençait...

      D'abord trouver les fonds. La ville de Roanne et la Chambre de Commerce participaient. Ensuite, l'équipage. Deux amis, copilote et mécanicien navigant sur Caravelle (Didier Le Charton et Denis Marchand) acceptaient de m'accompagner.

      Enfin, la date. Le 6 juin fut retenu. Le jour «J», j'étais donc de bonne heure à Orly pour suivre la préparation de l'avion qui n'avait volé depuis un mois ; une équipe de contrôleurs procédait au point fixe ; mauvaise surprise, le FCY (régulateur de débit carburant) est à changer (3 heures de travail). «Tant pis, on déjeunera plus tard mais votre avion sera prêt dans les temps».

 

Pour son dernier vol :

       L'avion partait pour son dernier vol mais le sérieux du travail et la volonté de respecter l'horaire étaient ceux d'un vol en ligne, bravo!

      Un avion et surtout la Caravelle n'est pas une machine, il a une âme, et ce samedi, de l'ingénieur au mécano, tous l'ont soigné avec respect pour que sa dernière étape soit une réussite. Ensuite, dépôt du plan de vol (IFR, cela évite les problèmes de sortie TMA), la météo, prévue bonne, l'équipage au complet à 13 heures avec le Président de l'Aérocub (pour porter le chèque !!).

      Sur le parking; l'équipe de contrôleurs termine le point fixe, Denis effectue la visite prévol, dernières poignées de main, émotion de ceux qui quittent un avion qu'ils ont vu pendant vingt ans à Air France.

      «Check-list terminée».

      «Orly, F-BHRF, bonjour, prêts pour la mise en route».

      Nous roulons maintenant vers la «25», incognito, pourtant combien de ces pilotes autour de nous ont aimé cet avion.

      «F-BHRF, autorisé niveau 190» (6000 mètres environ).

      Nous volons ensuite au milieu des cumulus, briefing sur l'arrivée et nous débutons la descente vers Roanne où le temps est beau avec un léger vent Nord.

      «RF de Roanne, les axes sont clairs, allez-y !».

      300 noeuds au badin (550 km/h), Denis annonce 50 pieds ! (15 mètres). Nous voyons à peine la piste défiler sous nous que nous sommes sur la tranche à 3000 pieds. Ensuite, quelques virages à grande inclinaison sur la ville à 500 pieds (150 mètres), le Président, M. Vermesch, trouve un appareil photo bien lourd tout à coup ! Retour sur le terrain pour un deuxième passage à grande vitesse.

      Check-list avant atterrissage, il faut soigner l'approche, la piste est un peu courte ! (1200 mètres).

      «50 pieds, 20 pieds, 0»

      Aérofreins, parachute sorti, Denis annonce les pressions de freins, ça y et, on s'est posé et arrêté ! Roulage vers le point de stationnement, le frein de parc est serré, la foule entoure l'avion, dernière check-list, la manette de poussée sur arrêt, le silence se fait dans le poste, nous restons face à nos cadrans, muets car l'émotion est grande, l'Oiseau a terminé son vol ; pourtant qu'il est Beau !

 

                                                     Alain de VALENCE

                                               Commandant de bord du F-BHRF

 

Mémoire Aéronautique

Groupement Antoine de Saint Exupéry

Les Vieilles Tiges

La fin tragique de la Caravelle 'Auvergne' ©   Paul MATHEVET   04/2013

Retour