Le raid Ouargla-In Salah-Ouargla

  

    Le 14 mars 1918, quarante-cinq jours seulement après le drame d’Aïn-Guettara, le raid Ouargla-In Salah-Ouargla des vieux Farman préfigure le raid sur Tombouctou, en accord avec le ministère des PTT qui étudie un ambitieux projet de ligne aérienne Paris-Marseille-Alger-Tombouctou, en accord avec le gouverneur général Charles Lutaud.

    Des postes de ravitaillement sont installés à Hassi-el-Hadjar, Hassi-Berkane, Hassi-Inifel et Aïn-Guettara. L’escadrille 546 de Biskra, commandée par le lieutenant Simian, rejoint, à Ouargla, l’escadrille 547 commandée par Alexandre Bernard. Trois Farman MF 11, pilotés par Alexandre Bernard, l’adjudant Audit et le sergent Terpeau, sont engagés pour le raid. Ils transportent le capitaine Laurent (devenu unijambiste à la suite d’un accident à Biskra), le capitaine Sigonnet (des unités sahariennes, passager de Bernard), le lieutenant Lemaître, Léon Souguenet (explorateur, observateur et guide).

    Après une escale à Berkane où les attendent deux camions ravitailleurs, les avions continuent, à 80 km/h de moyenne, vers l’escale d’Hassi-Inifel. Ensuite, Aïn-Guettara est atteint à 16 heures. Bien que pressés par le temps, les aviateurs vont se recueillir sur les tombes de leurs camarades assassinés et redécollent à 17 heures 30 pour In-Salah atteint à la tombée de la nuit. Le trajet de Ouargla à In-Salah a été effectué dans la journée, 600 kilomètres ont été parcourus, contre un vent défavorable, en 7 heures et 22 minutes de vol (le trajet demande une quinzaine de jours à dos de chameau). Le retour commence le 25 mars par l’étape In Salah-Aïn Guettara. Le 26 mars, l’escadrille arrive en un temps record, car le vent est favorable, à Hassi-Berkane, après une escale à Hassi-Inifel. Ouargla est atteint le 27 mars au matin.

    Le raid Ouargla-In Salah-Ouargla, premier vol au Sahara avec du courrier postal, repousse encore la limite de la pénétration aérienne, au prix des victimes de l’attentat d’Aïn-Guettara. La citation à l’ordre de l’Armée d’Afrique du Nord attribuée aux équipages qualifie ce raid d’un 'exploit qui a eu dans tout le Sahara un retentissement immense'.

    Le 18 avril 1918, le général Laperrine reçoit sa troisième étoile, il est alors à Ouargla, de retour de Tombouctou. Le général Nivelle, en tournée d’inspection, l’avait rejoint à In-Salah en voiture (le général Robert Nivelle, ancien commandant de la 2ème Armée à Verdun en 1916, puis commandant en chef du 16 décembre 1916 au 15 mai 1917, avait été nommé à Alger par le ministre de la Guerre Paul Painlevé à la suite de l’échec de l’offensive meurtrière du Chemin des Dames).

      Le 24 avril 1918, trois Farman partent à la rencontre du général Nivelle et le ramènent de Ouargla.

Sources :  Extraits de 'L'Aviation militaire en Algérie' de Pierre Jarrige.S

    BERNARD, Alexandre, né le 12 Septembre 1894 à Saint Just (Ain).

    Alexandre Bernard travaille, dés son plus jeune âge, aux travaux de la ferme familiale, tout en continuant à lire et à s’instruire. Passionné par la mécanique, il rêve d’un bel uniforme. Il s’engage dans la cavalerie en 1913. Au front, lors de la Première Guerre mondiale,  il se fait remarquer par sa bravoure, mais il se porte volontaire pour l’aviation. Breveté pilote militaire en Octobre 1917 avec le n°7605, il est a affecté à l’escadrille de chasse Spad 81 où il se distingue au cours de missions dangereuses. De 1918 à 1923, il est affecté à une escadrille de reconnaissance en Algérie.


    Sur la route du désert. en Février 1920, en tant que pilote d’un Breguet XIV avec comme observateur le général Laperrine et mécanicien le sergent Vaslin, son appareil tombe en panne. Bernard et Vaslin entreprennent une marche de 24 jours dans le désert avant d’être secourus. Pendant ce temps, le Général Laperrine resté près de l’appareil, décède de ses blessures. Affecté au 2ème Régiment de chasse à Strasbourg, il y demeure jusqu’en 1928. Hanté par le souvenir du soleil d’Afrique, il reviendra en Afrique du Nord au commandement de l’Escadrille de chasse de Bizerte qu’il dirigera jusqu’en 1934. Après avoir quitté le service actif de l’Armée de l’Air, Bernard est affecté comme Inspecteur Général chargé de créer des bases aériennes en Afrique du Nord. C’est à lui que l’on doit les bases de Colomb-Béchar, de Gao, puis Bône, Tunis, etc…C’est grâce à son travail opiniâtre et à ses remarquables réalisations que la Croisière Noire du Général Vuillemin a obtenu son retentissant succès.


Voie à proximité de l'aérodrome de Bourg-Terre des Hommes

    En avril 1934, la société Renault crée un département aviation pour l'Afrique du Nord à la tête duquel est placé le capitaine de réserve Bernard. La station d'Alger-Maison Blanche assure la vente et la location des avions Caudron, l'entretien et la réparations des avions de toutes marques, le travail aérien, le transport et l'école de pilotage. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le colonel de réserve Bernard devient concessionnaire des voitures Renault à Blida et Président de l'Aéroclub de Blida-Mitidja jusqu'en 1954.

    Après l'indépendance de l'Algérie, le Colonel Alexandre Bernard était revenu vivre dans la maison de famille de Saint Just. Membre du Groupement Antoine de Saint Exupéry sous le numéro 234 en date du 11 janvier 1959, Alexandre BERNARD décède à l'âge de 82 ans, le 2 avril 1976.

Le raid Ouargla-In salah-Ouargla  (C)   Paul MATHEVET   10/2014

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