Georges
PIVOT « COMPAGNON OUBLIE DE MERMOZ ET SAINT EXUPERY » ![]() Photo Site Mémoire d’Aéropostale Paul MATHEVET membre
des Vieilles Tiges, féru de la Mémoire Aéronautique régionale a rédigé un
ouvrage sur les Pilotes des Lignes Latécoère et Aéropostales, compagnons de MERMOZ
et SAINT EXUPERY qui, malgré leurs exploits sont restés dans l’ombre des deux
« Grands ». Dans cet opuscule on découvre le parcours de Georges
PIVOT né à MARCY L’ETOILE le 3 mars 1901. Le square sur lequel était bâti le « Café Pivot » maison natale de Georges, est baptisé du nom de ce Pionnier. Une plaque commémorative rappelle le parcours du héros aviateur. Georges PIVOT, accomplit son stage d’élève pilote chez Hanriot et obtient son brevet de pilote le 15 février 1921. La même année, il s’engage au 34e régiment d’aviation pour une durée de trois ans. Il obtient son brevet de Transport Public le 19 décembre 1923, (n° 794), et trouve une place de pilote aux Lignes aériennes Latécoère le 6 mars 1924. Affecté à l’escale (appelée à l’époque « Aérostation ») de Barcelone, il effectue les étapes sur Alicante, Malaga, Tanger, Rabat, et Casablanca. Les avions utilisés sont des appareils rescapés de la guerre de 14/18, des SALMSON 2A2 et BREGUET XIV à bout de souffle. ![]() BREGUET XVI (photo Mémoire d’Aéropostale) Les pannes sont quasi journalières et, disposant d’un équipement spartiate la navigation s’effectue à vue quelle que soient les conditions météo. Chaque vol est une aventure qui peut se terminer de façon dramatique. Ainsi en 1924, Georges PIVOT dévié de sa route par la tempête, en panne et posé en catastrophe à l’aveuglette, restera plus de 20 heures en détresse avant d’être secouru. Plus tard sur une étape entre Casablanca et Port Etienne, victime d’une panne en bordure du Sahara occidental dans la région du Rio De Oro, après avoir sauvé son passager il est fait prisonnier par des bandits Maures. Vendu comme esclave, il est racheté par un « caïd » ami de la France. Il participera aussi au péril de sa vie aux recherches de pilotes également prisonniers des Maures.
Une
lettre envoyée de Toulouse le 09 avril 1924 par Didier DAURAT directeur des
lignes LATECOERE, adressée à Monsieur JULIEN chef d’aéroplace à Casablanca
témoigne de la fougue insouciante de certains pilotes dont Georges PIVOT et
Marcel REINE. Dans ce courrier qui recadre sévèrement le chef d’aéroplace pour
son laxisme concernant le comportement intrépide, voire dangereux de ces jeunes
pilotes, on apprend que certains jours de grand beau temps, sur le parcours
Casablanca- Agadir, PIVOT et REINE parcourent les 240 kilomètres qui relient
Mazagan (aujourd’hui El Jadida) à Mogador (Essaouira) le long de la côte à une
hauteur variant de 0,50 mètre à 1 mètre 50 ! soit une durée de 1 heure et
20 minutes de rase motte qui témoigne de l’incontestable dextérité dont font
preuve ces pilotes âgés tous deux de 23 ans ! Dans
le même courrier, il est reproché à ces jeunes pilotes d’animer certaines
nuits, les rues de Casablanca en chevauchant des pur sangs, accompagnés
« d’amazones » dont la profession n’est pas précisée !... A
cette époque, les pionniers avaient conscience que leur métier de pilote de
ligne pouvait se terminer le lendemain dans un avion en flamme, ou au fond de
l’océan, ou écrasés au sol dans la tempête. Certains savouraient ainsi chaque
instant de répit. Qui leur jetterait la pierre ? En
octobre 1927, il est affecté sur la ligne Natal – Buenos Aires où il défriche
de nouveaux terrains. De
mars 1928 à avril 1930, il devient chef de l’aéroplace de Bahia. Outre cette
activité qui consiste à coordonner les vols et l’entretien des avions il est
chargé de repérer des terrains de secours. La fonction de chef d’Aéroplace exige
aussi l’obligation de remplacer un pilote exténué après plusieurs heures dans
la tempête, et poursuivre le transport du courrier coûte que coûte. Le
directeur Didier DAURAT ne disait-il pas « Être à l’heure, c’est déjà être
en retard » Georges
PIVOT est ensuite promu chef d’exploitation puis chef de secteur de la ligne Chili-Bolivie-Pérou
jusqu’en 1933. En
1932, il reçoit la Légion D’Honneur qui récompense ses actes de courage
accomplis au service de la France, au péril de la vie. Le
1er septembre 1933, jour de la naissance d’Air France qui fusionne les
lignes aériennes françaises, c’est la fin de l’Aéropostale. Il est alors affecté
au réseau Afrique de la nouvelle compagnie nationale. Un accident à
l’atterrissage à Tanger le 11 décembre 1935 sur un WIBAULT l’incite à donner sa
démission et, le 10 février 1936 il rejoint la Compagnie Aéromaritime-Chargeurs
Réunis à Abidjan. Recommandé par Jean MERMOZ (disparu le 7 décembre 1936), il fera
partie du premier équipage qui effectue un vol risqué de reconnaissance sur le
trajet Dakar-Cotonou-Pointe noire. En
l939, il est mobilisé dans l’armée de l’air à Port Lyautey (aujourd’hui
Kénitra) mais, lui qui a survécu à absolument tous les dangers liés à
l’aviation de l’époque, il est victime d’un crash au décollage le 1er
octobre 1943 à bord d’un bombardier américain Glenn Martin. Il a 42 ans, et
déclaré mort pour la France. Georges
PIVOT était également décoré de l’ordre du Ouissam Alaouite, suprême décoration
Marocaine. Sur
les 162 pilotes (pour la plupart, survivants de la guerre de 14/18) des lignes
Latécoère devenues en 1927 lignes de l’Aéropostale, 53 sont morts en vol et 2
ont été assassinés par les Maures. En 13 ans, un pilote sur trois a perdu la
vie pour que progresse le transport aérien… |