Les frères WADDINGTON, pilotes lyonnais, oubliés de la Guerre 1914-18


  

    Charles et Robert Waddington sont les fils d'Albert Charles Waddington (1861-1926), maître de conférences à la Faculté de lettres de Lyon, et de Pauline Ferrand.
    Ils appartiennent à l'émigration de familles protestantes d'industriels, originaires de Grande Bretagne, installées en France au moment de la première révolution industrielle.

    Charles, Pendrell, Frédéric, est né le 3 mars 1892 à Lyon.

Mobilisé en 1914 au 17ème Régiment de Dragons, le Maréchal des Logis Charles Waddington  est affecté au 2ème Groupe d'Aviation. Pilote de l'escadrille VC 116 basée sur le terrain de Saint Pol sur Mer,  il disparaît lors d'une patrouille en mer après avoir attaqué un torpilleur ennemi. Mort pour la France, le 17 mai 1916.

    Robert, Paul, Yvan, est né le 28 octobre 1893 à Lyon 6ème.

    Robert fait ses études secondaires au Lycée Ampère, puis entre à l'Ecole Supérieure de Commerce de Lyon. Lorsque la Première Guerre éclate, il est stagiaire dans une banque à Londres et, regagne la France. Il décide de s'engager, mais de 'faible constitution', il est réformé. Refusant cette situation, il multiplie les démarches auprès des autorités militaires, et il est finalement incorporé le 15 décembre 1914 au 141ème Régiment d'Infanterie à Marseille. Après ses classes, il se retrouve au front, dans le secteur de Verdun, et connaît la vie dans les tranchées, les gardes de jour et de nuit, les nuits froides interminables, le soleil écrasant  en été, la pluie et la boue en hiver, les tirs d'artillerie meurtriers, la vermine...Il est nommé caporal le 21 juin 1915. Il entre dans l'aviation par la petite porte. A la suite d'une demande du commandement concernant des titulaires du permis de conduire, à laquelle il avait répondu, il passe, en juillet 1915, au 2ème Groupe d'Aviation, en tant que conducteur automobile. Le 27 septembre 1915, il est affecté à l'escadrille N 67 comme sergent responsable du parc automobile de cette escadrille. puis mitrailleur à l'escadrille N 67 du 1er mai 1916 au 4ème trimestre 1916.

    Survient alors un événement qui va bouleverser son avenir : son frère aîné Charles qui avait été mobilisé au 17ème Dragons, puis devenu pilote à l'escadrille VC 116, avait été abattu en Mer du Nord lors de l'attaque d'un navire allemand, en juin 1916. Le sergent Waddington fait alors une demande pour devenir pilote. Son capitaine appuie sa demande, en précisant : «demande à remplacer son frère tué en combat aérien». Sa demande est acceptée, et il est affecté à l'école de pilotage de Buc, le 3 septembre 1916. Il suit la filière de formation de l'époque, et pratique d'abord  le «pingouin» pour apprendre à rouler au sol, puis pilote en tour de piste le Blériot type «traversée de la Manche». Il est breveté pilote militaire le 26 janvier 1917 sous le n° 5254, puis passe par la haute-école d'aviation militaire de Pau jusqu'au 21 mars 1917 et stage de transformation à l'école d'aviation militaire d'Avord... après avoir cassé 3 appareils !


    Du 28 mars 1917 au 5 mars 1918, il est affecté comme pilote à l'escadrille SPA 12 du Groupe de combat 11. Il remporte sa première victoire, le 11 mai 1917 'le sous-lieutenant Xavier de Sevin et le sergent Robert Waddingtin de la SPA 12, le capitaine Albert Auger de la N3, remportent une victoire homologuée contre un biplan ennemi dans les environs de Vailly sur Aisne', et sera nommé adjudant le 20 juillet. Du 6 au 18 janvier 1918, il effectue un stage de tir aérien à Cazaux. Il est nommé sous-lieutenant, au début de 1918, puis successivement pilote à l'escadrille SPA 154, du 6 mars au 17 septembre 1918, et à l'escadrille SPA 31 du 17 septembre 1918 au 15 avril 1919 'le 29 septembre 1918, le sous-lieutenant Waddington remporte une victoire homologuée contre un Fokker D VII dans les environs d'Orfeuil'. Le sous-lieutenant Waddington, qui obtient 12 victoires homologuées et 2 probables, soit 6 Drachen d'observation et 6 avions, est consacré As de Guerre.  Il a été abattu 3 fois, par la DCA allemande, par un avion ennemi, et par un de ses équipiers qui le percute lors de l'attaque d'un Drachen. Décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze, d'argent, de vermeil, et 5 palmes, il reçoit la Légion d'Honneur le 9 novembre 1918 : 'Pilote d'une grande bravoure et d'audace rare, combinée avec une magnifique habileté et de sang-froid. Le 29 Septembre 1918, il a signé sa dixième victoire en abattant un Fokker en flammes au cours d'un combat extrêmement difficile avec plusieurs avions de chasse de l'ennemi. Suite à la combat, il a été forcé d'atterrir dans nos lignes de front avec son avion criblé de balles'

    En 1939, le Capitaine Waddington reprend du service comme Commandant du Centre d’Instruction de l'Aviation de Chasse à la base aérienne 122 de Chartres. Promu Lieutenant Colonel en 1948,  il s'éteint à Saint Baudelle (Mayenne) le 11 février 1986,  et inhumé à Saint Georges Buttavent (Mayenne).

Sources : Interview de Paul Waddington publié dans la revue Icare n° 88 'L'Aéronautique militaire française 1914-1918, tome 2, 1979, via M. Daniel Gerbe ; site Internet d'Albin Denis ; documentation personnelle.

Commission Mémoire Aéronautique
Groupement Antoine de Saint Exupéry
Les Vieilles Tiges
Les frères WADDINGTON, pilotes lyonnais, oubliés de la Guerre 1914/18   (C)   Paul Mathevet   08/2014

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